Germaine et ses enfants

Née à Tana en 1971, plus insouciante, espiègle quelque peu, elle mène sa vie tambour battant et gère ses difficultés sans attendrissement. Ses trois filles (1998, 2000, 2004) sont désormais scolarisées. Elle nous remet régulièrement leurs bulletins scolaires. Pour sortir de difficultés de voisinage commercial, elle a changé de travail. Elle fait désormais des lessives à Tanjobato où elle a trouvé une location moins chère. C’est avec le sourire que nous la retrouvons à chaque distribution de subvention sans plainte particulière.

Lors de mon séjour en mars 2012, j'avais eu du mal à la rencontrer. En fait, elle vient d'avoir un bébé et voulait nous le cacher de peur qu'on lui supprime la subvention. Cela ne change rien pour nous d'autant plus qu'elle est toujours satisfaite de ce que nous lui donnons et qu'elle travaille dur à faire des lessives. Nous ne nous permettons aucune ingérance de la sorte.

Octobre 2012. Nous retrouvons Germaine bien dans sa peau. Ouvertement, elle parle de son bébé, le dernier affirme-t-elle. Elle a changé de travail, désormais elle casse des pierres à Tanjobato.

Janvier 2013 Germaine a parlé de la vie qu'elle mène, de son intention de penser à l'avenir de ses enfants. Elle vient d'avoir une petite fille. Elle désire adhérer au dispensaire pour être couverte médicalement. Eugénie a prévu une visite de sa maison.

Avril 2013. Légère, apparemment insouciante, elle parait sans problème. Et pourtant elle nous parle d'un vol dont elle a été victime sans toutefois rien nous demander. Elle fait toujours des lessives et a pu racheter les casseroles volées. Elle me donne deux photos du jour du baptême de la petite Angela née l'année dernière. Je lui propose des paires de chaussures pour ses filles, la petite Ranja qui l'accompagne choisit des sandales qu'elle met tout de suite aux pieds, toute fière.


Septembre 2013. Germaine prend la vie comme elle vient et parait heureuse. En ce moment, elle fait la démarche pour être gardienne d'une borne fontaine et dit aussi faire le tri des fruits.
 
 
 
Fin novembre 2013. C'est un bonheur de rencontrer Germaine qui par le passé nous a causé tant de soucis. Elle dit ne pas avoir de problème, les enfants vont à l’école et se portent bien.


Janvier 2014. Germaine annonce fièrement à Eugénie qu'elle a trouvé un travail dans une usine pour trier des fruits. Après avoir vendu des cartes, casser des pierres dans une carrière, fait des lessives, elle voit là le résultat de sa ténacité et de son courage.

 

Mai 2014. Germaine vient m'apporter un petit cadre de scène sainte pour me fêter la fête des mères. Elle est bien habillée. Elle veut que je lui change quelques centimes d'euros ce que je fais aussitôt. Je lui parle également de la formation que l'on pourrait offrir à Erika qui est trop grande pour aller à l'école. Elle va lui en parler et me donnera réponse en même temps qu'elle nous donnera les certificats de scolarité des deux autres enfants.

Plus tard, elle revient vers nous pour nous raconter sa vie. Son père était gardien du temple en face de la mosquée du quartier. Les cinq enfants dont elle est la seule fille et la mère, travaillaient dans le temple. Elle allait aussi à l'école. Son père était asthmatique, il avait besoin de ventoline. Un jour, alors qu'ils n'avaient pas assez d'argent pour en acheter, il mourut. Peu de temps après, alors que le grand frère  avait volé dans le temple, tout le monde fut renvoyé. La mère repartit à Tanjobato où se trouvait la maison de famille mais Germaine préférait rester à Antananarenina, dormant dans la rue et vivant de mendicité. Un de ses frères a été tué par une balle perdue. Puis Germaine a eu une fille qui mourut à l'âge de douze ans d'une maladie cardiaque. Elle n'avait pas d'argent pour la faire opérer. Maintenant, partie de ce quartier pour Tanjobato afin de fuir une femme qui est jalouse d'elle, elle fait toujours des lessives. Erika ne va plus à l'école, elle va chercher de l'eau mais ses autres enfants ne travaillent pas. Son plus grand plaisir serait d'avoir un petit commerce et nous l'aidons pour cela.
 
 
Octobre 2015
 
Erika n'est pas venue pour entrer en formation comme prévu. Sa mère, Germaine, continue d'aller travailler à la coopérative de fruits et légumes. Tout se passe bien.
 
Février 2016
 

En visite à Tana, je rencontre Germaine. Pas de problème pour elle, elle nous informe que Ericah s’est mariée, a un bébé et son mari est maçon. C’est pour cela qu’elle n’a pas voulu suivre la formation qu’on lui proposait.

Septembre 2016

Toujours aucun problème chez Germaine, ses enfants passent en classe supérieure.

Octobre 2017

Germaine continue à vendre des légumes. Sa fille ainée a maintenant une petite fille.