Christine, Maurice et leurs enfants

Mariée à Maurice, âgée de 37 ans, elle a eu avec lui, Patrice, en 2010. D’une précédente union, Maurice avait eu 2 enfants qu’ils gardent avec eux : Maurice, 7ans et Francine, 5 ans. Il semble, également, que Christine ait eu, de son côté, d’autres enfants, pris en charge par sa mère. Jusque là, il s’est avéré très difficile pour eux de trouver une habitation. Christine est souvent malade. Sur sa demande, nous avons donné un panier à Maurice pour qu’il vende des arachides dans la rue, ce qu’il fait désormais. Il semblerait qu’ils habitent  le quartier dit « 67 ha » dans une maison appartenant au grand-père. Les deux aînés sont en centre préscolaire, en attendant l’actualisation de leur état civil. Notre préoccupation reste la santé de Christine qui est périodiquement emmenée à l’hôpital.

Début avril 2012, ils viennent nous raconter qu'ils n'ont plus rien, ils dorment dans la rue depuis quelques temps refusant la cohabitation avec la famille et on leur a tout volé. Nous leur proposons une maison dans le village avec lequel nous avons des pourparlers en les prévenant qu'elle nécessite une remise en état et qu'elle se trouve à 16 Kms vers le sud. Christine et son mari hésitent, nous ne cherchons pas à les influencer, leur insertion au village en dépend, mais nous préparons les lieux pour les recevoir et les mettre à l'abri.

En mai 2012, Christine et sa famille intègrent le village d'Antsahabe avec l'intention d'élever des lapins. Ils ont enfin retrouvé l'espoir.

Peu à peu, ils s'installent au village. Maurice retourne à Tana pour gagner un peu d'argent en faisant quelques petits travaux pour un restaurant comme par exemple nettoyer les poubelles pendant que Christine reste à la maison, fait un petit jardin en élevant les lapins. C'est une famille calme mais volontaire.

Août 2012. Les enfants sont inscrits à l'école du quartier.

Octobre 2012. alors que tout va pour le mieux pour cette famille, nous projetons d'installer les toilettes et d'accélérer l'établissement de leurs fiches d'état civil. Christine attend un bébé, elle nous assure que ce sera le dernier, celui qu'elle voulait donner à Momo qui n'avait pas d'enfants de lui jusque là.

Le 17 novembre dernier, présents au bilan de santé, ils recoivent la carte d’adhérent au dispensaire. Christine est contente d’avoir cette couverture qui lui permettra de suivre en bonne condition sa maternité. Le docteur a soulevé le problème de sa maigreur qu’elle doit surveiller.

Début janvier 2013, j'apprends par mail l'accident de Maurice.

" C'était la période de Noël et il pleuvait beaucoup. Un soir, alors qu’il rentrait chez lui comme d'habitude ,Momo a glissé dans un ravin  de plus de 4 mètres. il y restait toute une nuit  et une journée  entière, personne  ne l'avait vu. Seulement deux jours après, une dame le voit et appelle Christine. Comme elle ne peut pas à elle seule faire  sortir Momo de cette situation,  elle appelle au secours et les hommes du village sont venus vers moi pour demander ce qu'il fallait faire. On a évacué d'urgence Momo et Christine avec, cela a été très difficile . Ils l’ont transporté sur  une porte  et jusqu'à maintenant il est toujours à l’hôpital et ne peut pas bouger les membres inférieurs. Un autre problème s'est ajouté  à cela :  il n'y a personne pour faire garde malade  et c’est Christine, enceinte, qui doit le faire. Les médicaments sont très chers, j'ai envoyé Christine avec l'ordonnance du médecin  au dispensaire, ils ont pu en donner une partie . Le président du fokontany  du village a soulevé un autre problème: les enfants sont  seuls au village et personne ne peut s'en occuper..."

 

J'ai donné carte blanche à Eugénie pour que les fonds de l'association puisse aider cette famille qui est déjà en grande difficulté. Elle nous tiendra au courant de la suite.

Début février, un mail d'Eugénie m'annonce le décès de Momo des suites de son accident.

Depuis la naissance du bébé et le décès de son mari, Christine séjourne avec ses enfants à AKAMASOA, au village du Père Pédro, les enfants y sont scolarisés et elle peut petit à petit se rétablir.

Avril 2013. Christine ne voudrait pas rester à Akamasoa mais c'est le meilleur pour elle en ce moment. Elle se rétablit avec son bébé, les enfants vont à l'école, ils ont à manger tous les jours et elle est propre. Bien sûr, le cadre imposé par le village ne lui convient certainement pas. Mais nous lui conseillons de prendre patience au lieu de risquer de nouveaux déboires en partant sur la terre de ses ancêtres comme elle le souhaiterait.

Août 2013. Eugénie a pu trouver un centre ou plutôt un refuge pour elle et ses enfants et ce jusqu'à ce qu’elle trouve un internat. Le problème reste le même : les enfants sont sans papier et ce sera dure pour les établir. Christine vivait du travail de Momo et ne peut plus subvenir à leurs dépenses. La priorité est donc de les protéger.

Fin novembre 2013. Eugénie nous fait savoir qu’elle voit souvent Christine dans la rue mais qu’elle se cache. Le danger est toujours là pour ses enfants qui n’ont pas d’acte de naissance.

Début janvier 2014. Christine nous inquiète beaucoup, elle se dérobe à chaque fois que l'on veut l'approcher. Il n'y a qu'à la remise de sa subvention qu'Eugénie la rencontre, elle reste muette et sourde à ses propositions, elle se présente seule sans ses enfants sauf le dernier né qu'elle a dans les bras .

Mai 2014. A mon retour, Christine vient chercher sa subvention. Elle mendie toujours, ses enfants aussi mais elle les récupère pour dormir le soir quand elle rentre chez elle. Elle ne profite pas du dispensaire qui est trop loin. Sur notre demande, elle est d'accord pour que l'on s'occupe de placer ses enfants en internat mais le problème est qu'ils n'ont pas d'acte de naissance.
21 mai 2014 nous présentons les deux aînés à  Mme Angeline de Manda qui accepte de les prendre à la prochaine rentrée scolaire.
 
31 mai 2014 L'attitude de Christine va de pire en pire. Les enfants ne veulent plus rester avec elle, ils vivent seuls dans la rue. Nous essayons une autre piste pour mettre Christine et son bébé à l'abri et anticiper le placement des deux enfants qui ne sont pas les siens.
 
Novembre 2014.
 
Les enfants ne veulent plus rester avec Christine qui n'est que leur belle-mère et qui les bat quand elle est saoule. Eugénie n'est pas arrivée à les localiser malgré ses nombreuses recherches et sa connaissance approfondie du terrain. Christine mendie toujours avec son bébé dans les bras et assure rentrer à la maison de sa grand-mère de l'autre côté des marécages, le soir venu. Visiblement, elle s'est rapprochée d'un homme âgé assis sur les marches d'escalier. Elle reste fermée à toutes propositions, la mendicité reste sa seule source de revenus. Notre souci, cependant, réside dans le fait que deux enfants èrent le soir venu dans les rues de la capitale où tous les dangers sont présents.
 
Février 2015
 
Eugénie a enfin retrouvé le jeune garçon et organise pour les placer en internat le plus vite possible.
 
Mars 2015
 

Eugénie nous raconte : ....Christine  ne peut plus rentrer chez sa grand-mère où elle nous disait habiter. Depuis les pluies abondantes, les barques ne sont plus autorisées à passer et comme elle est obligée de traverser la rivière pour rentrer chez elle. elle reste, pour dormir la nuit, près du viel homme auprès duquel elle s'est rapprochée. Elle a ses deux  garçons avec elle. La petite fille n’a toujours pas été retrouvée.....

Aout 2015
 
Christine coopère désormais, elle accepte que son petit garçon soit placé en internat et a donné le certificat de naissance. Eugénie pourra enfin finaliser le projet.
 
Octobre 2015
 
Eugénie rencontre quelques difficultés pour placer l'enfant. Il y a pourtant urgence car Christine, de plus en plus distante, pourrait en arriver à l'extrême.
 
Février 2016
 
Christine a réuni ses deux garçons. L’un d’eux dit qu’il sait où sa soeur est retenue. Elle a l’air en danger, Eugénie pense à faire intervenir une assistante sociale. Nous avions contacté un organisme pour recevoir ses enfants à la prochaine rentrée mais devant l'urgence, nous projetons de soulever le cas devant un organisme spécialisé dans les cas difficiles. Nous ne nous sentons pas de taille à engager nous-mêmes cette action. Dans ce sens, nous rencontrons la responsable de SPDTS qui nous propose de rentrer en contact avec Christine pour d'une part, lui permettre une remise à niveau dans leurs locaux et d'autre part retrouver la petite fille et écarter les enfants des dangers de la rue.  Nous nous en remettons donc à eux pour poursuivre auprès de cette famille ce que nous sommes en incapacité d'accomplir.
 
Septembre 2016
 

Devant les difficultés que présentait Christine tant au niveau santé que réinsertion, nous avions renoncé et remis son dossier au SPDTS, tout en lui assurant les soins dont elle avait besoin. Ces jours derniers, j’apprends par Eugénie qu’elle a succombé à son dernier séjour à l’hôpital. Désormais les enfants sont dans la rue avec l’homme qui côtoyait Christine. Eugénie cherche une solution pour eux.

Octobre 2017

Depuis le décès d'Eugénie, les enfants sont introuvables, l'homme qui était avec eux, également. Brigitte et Andry cherchent en vain à les localiser.